Les maladies du pancréas chez le chien et le chat

Qu’est-ce qu’une pancréatite?

Les inflammations du pancréas ou pancréatites peuvent être séparées en pancréatite aiguë ou chronique; laquelle classification est exclusivement histologique et non clinique. Un animal présentant une forme “aiguë” de la maladie présente souvent des signes cliniques aigus, alors que lors de formes “chroniques”, les animaux ont tendance à développer une maladie clinique, d’évolution lente avec des symptômes récurrents de faible intensité. En d’autres termes, une pancréatite aiguë sensu stricto correspond à une inflammation aiguë pouvant concerner les tissus péri- pancréatiques ou des organes éloignés et se manifestant sous la forme d’un accès isolé ou se répétant lors d’épisodes distincts, mais est réversible par définition.

D’un point de vue histologique, la nécrose prédomine dans une forme aiguë (pancréatite aiguë nécrosante), associée à un infiltrat neutrophilique mais sans fibrose et la présence de fermes no-dules blanchâtres dans la graisse (précipitation de sel de calcium). 

Dans la pancréatite chronique prédomine un infiltrat inflammatoire lympho-plasmocytaire, avec des zones d’atrophie du parenchyme conduisant à une fibrose. Ces modifications histologiques irréversibles conduisent souvent à la perte progressive des fonctions exocrines (IPE) et endocrine (diabète sucré) du pancréas.


Pancréatite aiguë / nécrose pancréatique aiguë

Chez le chien comme chez le chat, la pancréatite aiguë est une maladie fréquente et potentiellement mortelle. Chez le chien, il s’agit le plus souvent d’une affection isolée alors que le chat présente souvent une maladie intercurrente impliquant le foie et l’intestin grêle (triade féline). 

Photo 1 : Aspect histologique d’une pancréatite aiguë chez un chat: zones de nécrose (flèche) au sein d’un parenchyme normal (N)

  Photo 1 : Aspect histologique d’une pancréatite aiguë chez un chat: zones de nécrose (flèche) au sein d’un parenchyme normal (N).

Les causes chez le chien, et encore plus chez le chat, sont souvent obscures. Cependant, un certain nombre de facteurs déclenchant ont été identifiés: obésité, alimentation hyperlipidique, médicaments/ toxines, (par ex. sulfamides, azathioprine, glucocorticoïdes, …), intervention chirurgicale, infections (par ex. toxoplasmose chez le chat), entre autres.

Les signes cliniques, non spécifiques, varient selon le degré de gravité de la maladie. Les observations les plus fréquentes sont une léthargie, une anorexie, des vomissements, de la diarrhée et une douleur abdominale crâniale. L’atteinte de plusieurs systèmes lors de d’un syndrome de réponse inflammatoire systémique (SIRS) avec l’installation d’un état de choc (hyper-/ ou hypothermie, tachycardie, tachypnée, signes de CIVD, ...) est de pronostic plus défavorable.

Lorsqu’une pancréatite est fortement suspectée, le recours rapide à des examens de laboratoire comme la recherche des marqueurs pancréatiques (cf. ci-dessous) est indiqué en première intention.  

Pancréatite chronique et insuffisance pan-créatique exocrine (IPE)

La forme chronique de la maladie est définie par une inflammation persistante du pancréas pouvant correspondre à des épisodes récurrents de pancréatite aiguë, cas le plus fréquent chez le chien. Les symptômes digestifs, alors peu marqués et souvent auto- limitants, ne sont pas toujours attribués à une pancréatite. Les modifications biochimiques sont souvent discrètes, voire absentes. 

Lorsque l’atrophie acinaire est majeure (stade terminal de la maladie), les animaux peuvent développer une insuffisance pancréatique exocrine (IPE) avec amaigrissement, diarrhée chronique, stéatorrhée, etc.

Les images échographiques n’étant pas concluantes, une IPE doit être confirmée de manière indirecte par des examens de laboratoire.

Hyperplasie nodulaire pancréatique

L’hyperplasie du pancréas exocrine, assez fré-quente chez le chien et le chat âgé, est souvent découverte fortuitement lors d’une laparotomie. Elle se présente sous la forme de multiples petits nodules répartis dans le parenchyme correspondant à des regroupements d’acini. Elle n’a aucune importance clinique.  

Tumeurs pancréatiques exocrines

Les tumeurs pancréatiques exocrines, rares chez les chiens et les chats, peuvent être bénigne ou cancéreusesLes adénomes bénins, difficiles à distinguer de l’hyperplasie nodulaire, même histologiquement, n’ont pour ainsi dire qu’une très faible importance clinique. 

Les adénocarcinomes proviennent de l’épithélium du canal cholédoque ou des cellules acineuses; chez le chien et le chat, ils se développent généralement sous la forme de nodules ou de masses dans la partie centrale de la glande, contrairement à l’homme ou il s’agit surtout de tumeurs du cholédoque. Durant leur croissance infiltrante, ils forment fréquemment et précocement des métastases dans les tissus adjacents (foie, noeuds lymphatiques, estomac, duodénum, péritoine, ...); une dissémination métastatique étant déjà très souvent présente au moment du diagnostic.

Photo 2: Aspect histologique d’un carcinome bien différencié chez un chat
  Photo 2: Aspect histologique d’un carcinome bien différencié chez un chat

DIAGNOSTIC DES MALADIES DU PANCREAS EXOCRINE

La meilleure et la plus facile approche pour le diagnostic spécifique des affections pancréatiques est la combinaison de deux examens non invasifs: la biochimie sanguine et l’échographie abdominale. Cependant, biopsie et cytologie restent les tests les plus définitifs en matière de diagnostic, même si leur mise en œuvre est parfois difficile.
Lipase et amylase sériques

L’activité des lipases et amylase sériques est augmentée lors de pancréatite et de nécrose. Cette augmentation n’est vraiment significative que pour des valeurs supérieure ou égale à trois fois la valeur de référence, et son importance n’est pas corrélée à la sévérité de la pancréatite. Les faux positifs (défaut de spécificité) et faux négatifs (manque de sensibilité) sont nombreux, en particulier chez le chat où coexiste souvent une maladie hépatique, bilaire ou intestinale (triade féline). D’autres modifications biochimiques peuvent contribuer à l’apparition ou être une conséquence d’une inflammation du pancréas: hypertriglycéridémie, hypercholestérolémie, hypo-/ hypercalcémie et hyperglycémie.

Les lipases spécifiques pancréatiques (cPLI, fPLI) 

Pour pallier les limites des dosages sanguins précités ont été développés des tests mesurant l’ immunoréactivité de la lipase spécifique du pancréas chez le chien (cPLI) et chez le chat (fPLI), qui sont à ce jour les tests biochimiques de référence permettant de diagnostiquer une pancréatite. Un frein à leur emploi fut un long délai d’analyse, du faite que les échantillons devaient être analysés par laboratoire américain sous couvert d’un brevet. Depuis peu, LABOKLIN à développé et validé des dosages sériques de PLI dont la valeur est égale à celle des tests américains de référence.

TrLes TLI ( trypsine – like immunoréactivity, cTLI et fTLI) 

Il est admis que le TLI permet la détection fiable d’une insuffisance pancréatique exocrine (IPE) chez le chien et le chat (diminution du TLI). Le test dose à la fois la trypsine et son précurseur le trypsinogène. Par contre, il est beaucoup moins utile comme indicateur de l’inflammation pancréatique. Son dosage présente une faible sensibilité, chez le chien comme chez le chat, où le TLI peut-être diminué ou normale lors de pancréatite aiguë. Le TLI est également augmenté lors d’insuffisance rénale, en particulier chez le chat. Remarque de pré-analytique: le dosage doit être fait sur un animal à jeun.

Biopsie et histologie pancréatique

La biopsie demeure la référence en matière de diagnostic de pancréatite, à condition que les échantillons prélevés soient représentatifs. En général, l’histopathologie classe la pancréatite selon ses caractéristiques prédominantes (nécrosante, suppurée, aiguë vs. chronique, ...). 
Si l’état de l’animal permet d’envisager une laparotomie/scopie, il est souvent utile de faire de mul-tiples prélèvements du pancréas et des organes adjacents (ganglion, fois, estomac, intestin), notamment chez le chat. L’ histologie, et dans une moindre mesure la cytologie, este incontournable pour éliminer une néoplasie.

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