L'ÉCUREUIL DE CORÉE ET LA MALADIE DE LYME

QU'EST-CE QUE LA MALADIE DE LYME ?

La borréliose de Lyme est la maladie vectorielle la plus répandue en France avec 27 000 cas recensés en 2014. Les agents de cette maladie sont des bactéries spirochètes du groupe Borrelia burgdorferi sl (comprenant quatre espèces pathogènes pour l’homme). Les réservoirs de ces bactéries sont les petits rongeurs des forêts (Campagnol roussâtre, Mulot sylvestre principalement) et les oiseaux. Cette maladie est transmise à l’homme par la TiqueIxodes ricinus qui parasite un grand nombre d’hôtes, l’homme n’étant qu’un hôte accidentel.
La maladie se manifeste au stade primaire par une lésion cutanée autour de la piqure : l’érythème migrant. Sans traitement, elle peut évoluer vers un stade secondaire avec des manifestations neurologiques (allant jusqu’à la paralysie), articulaires (arthrite), ou plus rarement cardiaques. Rapidement diagnostiquée, cette maladie est facile à guérir (traitement par antibiotiques). Inversement, lorsqu’elle est installée, le traitement est long et délicat.

LES ÉTUDES SUR L'ÉCUREUIL DE CORÉE

En Forêt de Sénart (Essonne), les travaux développés par une équipe INRA - Muséum National d’Histoire Naturelle - Institut Pasteur ont montré que le Tamia de Sibérie est un excellent réservoir de cette maladie, bien  « meilleur » que ne le sont le Campagnol roussâtre et le Mulot sylvestre. En effet, 35 à 75 % des tamias (selon les années et les saisons) sont réservoirs de ces agents pathogènes contre seulement 10 à 30 % des campagnols et 0 à 10 % des mulots. De plus, les tamias hébergent des dizaines, voire des centaines de tiques, alors que les petits rongeurs n’en portent que quelques unes, voire une dizaine au plus.
Par ailleurs, les campagnols hébergent une seule espèce de BorreliaB. afzelii, alors que le Tamia en accueille trois espèces : B. afzeliiB. burgdorferi ss et B. garinii. Enfin, il apparait que le Tamia contribue à augmenter la circulation des espèces de Borrelia, les petits rongeurs étant plus infestés dans les secteurs avec tamias que dans ceux sans tamias.
Ces observations tendent à montrer que, par sa présence, l'Écureuil de Corée pourrait contribuer de manière significative à la dynamique de cette maladie. De derniers travaux ont en effet permis d'estimer que les tamias infecteraient 8 fois plus de tiques (nymphes) que les deux rongeurs autochtones, le Campagnol roussâtre et le Mulot sylvestre.
A titre de comparaison, d’autres travaux ont été effectués dans un bois des Yvelines, le Bois de Verneuil-sur-Seine, et dans deux parcs urbains, le Parc de Sceaux et le Parc Henri Sellier (Plessis Robinson), dans les Hauts-de-Seine, où le Tamia a été introduit. Les résultats obtenus ont montré que les tamias et campagnols roussâtres capturés dans le bois de Verneuil-sur-Seine étaient réservoirs de Borrela burgdorferi sl, alors que ceux des parcs des Hauts-de-Seine ne portaient pas ces bactéries. Ceci est à mettre en relation avec l’absence d’Ixodes ricinus dans les parcs urbains. En effet, cette tique a besoin, pour boucler son cycle de développement, d’hôtes de grande taille (ongulés sauvages ou domestiques), absents des parcs urbains. Ainsi, dans les deux parcs urbains étudiés, le Tamia ne contribue pas à la dynamique de cette maladie, contrairement à ceux présents dans le bois de Verneuil-sur-Seine et en Forêt de Sénart.
Des analyses complémentaires sont encore nécessaires, notamment l’incidence de la maladie sur l’homme dans la périphérie des forêts concernées, avant de décider la mise en place d’opérations de contrôle de ce rongeur.
Quoi qu’il en soit, il semble urgent dès à présent d’interdire la vente de cet écureuil dans les animaleries, les ventes et les échanges sur Internet, afin de limiter leur détention par des particuliers et ainsi de réduire les probabilités d’installation de nouvelles populations sur notre territoire.

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